Eleuthéria ou le journal (trop) intime...
L'histoire entre ce bouquin et moi remonte à quelques temps maintenant. Ma mémoire est incertaine, mais je dirai que je devais avoir dans les 12 ou 13 ans. Et déjà à l'époque, je sentais naître en moi des désirs étranges, dont je n'airai pu parler à personne d'autre.
Je lisais alors beaucoup, et puisait régulièrement dans la bibliothèque de ma mère. Malgré tous les grands auteurs que l'on pouvait y trouvait et qui me fesaient froid dans le dos rien que d'y penser - Zola, Hugo, Balzac... - j'y trouvais quelque livres qui me plaisaient bien, et d'autres qui ne m'attiraient même pas le regard. Mais voilà qu'un soir, alors en chasse d'une nouvelle lecture, me voilà debout sur mon tabouret en pyjama, mes yeux se posent sur la tranche d'un livre. Peut être n'avais-je jamais vu ce livre avant parce qu'il n'y était pas, ou alors avais-je compris récemment le sens des mots du titre, mais quoi qu'il en soit, mes yeux se sont posés ce jour là sur un titre qui en promettait long : Vénus Erotica.
Je délogeais discrètement l'oeuvre d'entre ses deux voisins, et l'emmenait dans ma chambre.
Et la lecture de ce livre m'ouvrit à un monde encore inconnu : celui du sexe et de l'érotisme.
Je lisais par petit morceau ce livre, en me sentant presque coupable...
Mais bientôt, ma mère fit un rangement inopiné de ma chambre, qui était, il faut le dire, un sacré merdier. Et le livre tant apprécié disparut. Censurée. C'est le sentiment que j'ai alors ressenti. Qu'à cela ne tienne, j'en avais déjà bien profité.
Mais un an ou deux plus tard, je retombais à nouveau sur ce livre, et là, ce monde qui m'avais été ouvert, m'apporta quelquechose de mieux encore : le plaisir.
Au début, je sentais bien qu'il se passait quelquechose dans mon corps, mais je ne comprennais pas quoi. Alors mes mains prirent un chemin inhabituel, et mes doigts effleurèrent des parties de mon corps jusque là inexplorées. S'en suit alors de longue nuit à apprivoiser mon corps sous les mots d'Anaïs Nin.Je ne me souviens pas du premier orgasme que je me suis donnée à moi même, mais il ne serait pas impossible que Vénus Erotica en soit la raison...
Je remettais régulièrement le livre dans la bibliothèque, comme pour montrer que je ne l'avais pas emprunté. Et je me suis étonnée aussi plusieurs fois de le voir sur la table de chevet de ma mère, moi qui la pensait si prude.
Mais sa biblothèque me réserva d'autres surprise, qui se nommèrent Contes Pervers ou Lola et quelques autres. Régine Desforges. Une nouvelle révélation : Anaïs Nin n'était pas la seule.
Un outil me vint alors en aide : internet. Quoi de plus facile que de trouver des noms d'oeuvres de littérature érotique... Mais je ne me sentais pas aussi libérée que je croyais l'être, et j'avais beau trouver certains de ces ouvrages en librairies, impossible de me lancer pour les acheter. Je trouvais alors une sérieuse alternative : la bibliothèque et sa borne d'emprunt automatique, qui me permirent de lire de nouvelles oeuvres dont La vie amoureuse des fées qui m'avait beaucoup marquée et procuré de plaisir.
Et aujourd'hui, alors que la bibliothèque de ma mère a rejoint le salon de la maison familiale rendant moins discrets mes emprunts, et que je suis independante, j'ai décidé qu'il était temps de surpasser cette peur de l'achat de littérature érotique. C'est donc tout naturellement qu'aujourd'hui je suis allée acheter mon propre exmplaire de Vénus Erotica, et même... sa suite, Les petits oiseaux...